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Motion votée en Assemblée Générale

Published on : 04/03/2020

Réunis en assemblée générale le 3 mars 2020, les membres du laboratoire PHENIX expriment leur inquiétude concernant les premières dispositions présentes dans les rapports préalables à la loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR).

Nous partageons les constats du Comité National de la Recherche Scientifique [1,2]. Nous sommes convaincus que la recherche publique en France a besoin de plus de moyens, en particulier pour augmenter l’emploi scientifique statutaire. Ceci est vrai à la fois pour les chercheur·se·s, les enseignant·e·s-chercheur·se·s et pour le personnel de support à la recherche. Ainsi, les effectifs de la recherche publique française ont baissé de 3600 postes, soit 8% en 6 ans, tandis que le recrutement d’enseignant·e·s-chercheur·se·s baissait de 30 à 40% alors même que les effectifs d’étudiant·e·s augmentaient significativement [3].

Cependant, contrairement aux premières orientations de la LPPR, nous pensons que cette augmentation des moyens ne doit pas être associée à une gouvernance de la recherche basée sur le rendement à court terme, à un renforcement des inégalités de financement entre chercheur·se·s, à une concentration des moyens sur un petit nombre d’entre nous, à une augmentation de la compétition entre personnels et à leur précarisation. Un facteur fondamental de l’attractivité de la recherche française est de proposer des postes permanents quelques années seulement après la thèse, ce qui permet de conjuguer une recherche de grande qualité et de bonnes conditions de travail. En ce sens, nous sommes opposés au développement de contrats de type “tenure track”, ainsi qu’à la mise en place de “CDI de mission scientifique”.

Par ailleurs, le projet de loi de réforme des retraites va considérablement affecter le niveau de vie des retraité·e·s de l’ESR (enseignement supérieur et recherche). La lettre de la ministre en date du 4 décembre 2019 rappelant que les primes seront prises en compte pour compenser les pertes de pension dues au passage à un calcul “par points” ne suffit pas à nous rassurer. Le régime de primes dans l’ESR est en effet particulièrement défavorable et basé sur la compétitivité et le mérite, et le nouveau calcul des pensions ne fera que renforcer les inégalités entre personnels. Ce projet de réforme contribuera également à fragiliser la retraite des non-permanents et précaires, dont le nombre pourrait considérablement augmenter si les orientations de la LPPR se confirment. Pour ces raisons, nous nous opposons à ce projet de loi.

Nous demandons une augmentation des financements de la recherche publique et de l’enseignement supérieur, notamment à travers un rétablissement de l’emploi statutaire et l’augmentation du soutien de base des laboratoires. Ce déploiement de nouveaux moyens doit garantir une recherche indépendante et s’accompagner d’une incitation à davantage de coopération et à la limitation des mécanismes de compétition, qui au travers des multiples appels d’offres et primes individuelles, minent les principes mêmes de l’ESR.

La motion a été adoptée à l’unanimité.

[1] Contribution du Comité national au débat de la politique de la recherche, printemps 2019, http://www.c3n-cn.fr/sites/www.c3n-cn.fr/files/u88/Propositions_Comitenational_Juillet-2019.pdf

[2] Motion de la CPCN du 17 janvier 2020, https://www.c3n-cn.fr/attendusLPPR

[3] Rapport Groupe de travail 2 Attractivité des emplois et des carrières scientifiques, 2019